Every BD

Pourquoi les baleines bleues viennent-elle s'échouer sur nos rivages?

C’est l’histoire d’un auteur, d’un romancier. Ou plutôt c’est l’histoire de plusieurs auteurs, de leurs femmes, de leurs amantes, de leurs éditeurs, de leurs amis aussi. Ca parle de leur travail, de leur difficulté à écrire, de leurs amours, de leur folie, de leur jeunesse, de leurs angoisses…

C’est un peu compliqué mais pas désagréable. C’est parfois un peu ennuyeux quand les personnages patines dans leurs petites vies d’égoïstes, et d’autres fois, quand le récit plonge dans les bouillons de la création littéraire (si toutefois vous aimez ces bouillons là) c’est passionnant.

Le dessin, noir et blanc avec une touche couleur, est très juste. Il colle parfaitement à cette tranche de vie fantaisiste et torturée. La BD ne laisse pas indifférente. Parfois, elle se fout un peu du lecteur, elle l’abandonne pour suivre son idée. C’est dangereux. La vilaine prend le risque d’être refermée et oubliée. Mais l’œuvre y gagne en profondeur, en caractère. Alors le lecteur, il patiente pour les meilleurs morceaux. Et à la fin, il choisit d’aimer ou pas.

En tout cas, ce titre, quel bonheur !

M. F.

Pourquoi les baleines bleues viennent-elles s’échouer sur nos rivages ? ; de Moynot ; éditions Dupuis.

Ganarah

Que ton cœur batte au son des … Gladiateurs !!!

Sur fond d’héroic fantasy, un monde où les villes les plus puissantes sont celles qui possèdent les meilleures arènes et les combattants les plus féroces. Jusque là, rien de bien extraordinaire, mais lorsque le guerrier le plus en vue du moment se prénomme Ganarah et possède le sex-appeal d’une Lara Croft, c’est déjà bien plus accrocheur. Tout comme ce zeste de barbarie pour la plupart des héros qui se joignent à la quête de la demoiselle, tel ce géant qui trucide des condamnés à mort jetés dans l’arène.

Bien qu’au détour de certaines pages, on puisse se perdre dans le flot des noms propres cités dans les dialogues, le tout reste néanmoins bien ficelé et nous promet une saga sympa.
A suivre donc…

A. P.

Ganarah tome 2 ; de Meddour ; éditions Vents d’ouest.

Le long voyage de Léna

Une femme, brune, magnifique, se rend seule à Berlin Est. Elle rencontre un vieux fonctionnaire, un retraité qui coule des jours paisibles dans une petite maison près d’un lac. Il lui remet une enveloppe que Léna apprend par cœur avant de la détruire. Commence alors un long voyage direction le sud, à travers l’Europe Orientale. A chaque étape elle rencontre de mystérieux interlocuteurs et leur remet un petit paquet. Au fil du chemin de la belle Léna, page après page, on sent les fils d’un complot se nouer. On perçoit aussi la noirceur d’un passé qu’elle veut oublier.

Le long voyage de Léna… Le titre annonce la rythme ! Le récit est long et lent, comme le voyage. Mais ce qui aurait pu être une faiblesse, une brèche pour l’ennui ou l’endormissement, se révèle être un vrai plaisir. Délicieux et riche.

Riche, car cette BD contient une foule de petits choses qui s’additionnent pour former un tout très réussi. Il y a ce complot qui prend forme, ce stratagème mystérieux, ces mille précautions et ces ruses d’espion. Il y a cette femme sensuelle et pourtant si sombre, si triste parfois. Il y a son passé qui la suit et qui lui pèse. Il y a aussi ces paysages magnifiques et variés, très précis et documentés, qui font que le lecteur voyage aussi. Un beau voyage...

M. F.

Le long voyage de Léna ; scénario de Christin et dessin de Juillard ; édition Dargaud.

Un ciel Radieux

Au Japon, un soir, un conducteur s’endort au volant et renverse une moto avant de s’encastrer dans un pylône. Il meurt à l’hôpital quelques heures plus tard, mais il refuse de partir. Son esprit revient et s’incarne dans le corps du jeune motard qu’il a renversé. Il sort du coma pour retrouver une vie qui n’est pas la sienne, loin de sa femme et de sa fille.

Cette histoire est un thème classique du fantastique : un esprit dans un corps qui n’est pas le sien. Elle se développe sur plus de 300 pages, enchaînant des scènes puissantes sur le plan des émotions. Le héros pourra-t-il retrouver sa femme et sa fille ? Si oui pour combien de temps ? Comprendront-elle qu’il est bien lui dans le corps d’un autre ? Cette autre ne risque-t-il pas de revenir ? Le temps presse et l’émotion grandit à chaque page.

Un ciel radieux est un livre poignant, une histoire belle et triste comme on en voit rarement dessinée.

M. F.

Un ciel radieux ; de Jirô Taniguchi ; dans la collection écriture des édition Casterman.

La nuit des chats bottés

Les chats bottés sèment la terreur dans Paris. Deux mystérieux individus, leurs visages cachés sous des cagoules félines et les pieds chaussés de bottes de parachutistes, font exploser des bombes. Ils semblent les placer au hasard, mais suivent un plan bien précis…

La nuit des chats bottés est l’adaptation du roman du même nom, basée sur cette idée simple et séduisante : un ancien militaire décide de faire sauter les lieux qui marqués la vie de la femme qu’il aime. Il commence petit avec le bar PMU où allait jouer son père, puis s’attaque aux monuments les plus célèbres de Paris.

L’idée est magnifique, mais la BD peine à l’exploiter dans la longueur. Le milieu des 120 pages manque parfois de rythme et d’intensité. Le dessin, en noir et blanc, est assez déroutant. Il porte parfois l’histoire avec beaucoup de justesse, mais à certains moments les cases ressemble à des gribouillis…

La nuit des chats bottés est une bonne BD qui donne envie de découvrir le roman, un classique écrit dans les années 70.

M. F.

La nuit des chats bottés ; scénario et dessin Boris Beuzeulin d’après le roman de Frédéric H. Fajardie ; collection écritures des éditions Casterman.

Citation

Voici une petite citation tirée du retour à la terre (tome 3, page 21), pour tout ceux qui ont un métier génial mais qui ne rentre pas dans les cases…

- Maman ! Manu a un vrai métier : il est auteur de bande dessinées !
- Hi hi  hi hi hi hi hi hi hi hi hi… Excuse-moi, ma chérie, c’est nerveux.

M. F.

BD Hollandaise : l'échec

Every BD est un tout jeune site, un bébé de trois semaine. Il n’a pas (encore) de budget pour les reportages et les déplacements à travers le monde à la recherche des trésors cachés de la bande dessinée. Alors, quand l’un des membres de l’équipe passe le week-end à Amsterdam, c’est l’occasion de s’attaquer à la BD des Pays-Bas.

Ce ne fut pas évident du tout. Dans cette ville, il y plus de coffee shop et de sex shop que de librairies. Cette mauvaise image d’Amsterdam horripile les Hollandais, et on les comprend ! Quand il devient plus facile de s’offrir une pute qu’un bon bouquin, il y a de quoi se poser des questions, se désespérer, se foutre en colère !

Le premier présentoir de BD est conforme à cette sale réputation. Il s’agit d’albums érotiques et de mangas coquins, vendus en solde dans le fond d’un magasin de livres à prix cassés. A côté, il y a quelques caisses de BD franco-belges traduites en flamand, et vendues moins de deux euros.

Après une journée de marche dans les ruelles bordées de canaux, coincé entre un bar et une boutique de fringue, surgit enfin un comics shop ! Le vendeur veut fermer, mais c’est trop tard, on est à l’intérieur. D’un côté de la boutique il y a des comics en anglais et de l’autre, de la BD franco-belge en flamand. Le vendeur veut fermer. Pas de problème, j’ai les même à la maison, et en français. Au revoir monsieur.

Dans ce week-end amstellodamois très sympathique, la quête de bonnes BD fut un échec. Un point noir dans la très courte histoire de notre site, un affront qu’il nous faudra laver. Ami lecteur, nous te feront découvrir la BD batave. C’est une promesse. Et nous n’aurons de repos qu’une fois cette noble tâche accomplie.

M. F.

Glaucos

Cissé est un enfant de la mer. Nés sous les flots, il n’a été recueilli par un pécheur que grâce au secours d’un dauphin. Fasciné par les fonds marins, Cissé décide d’apprendre l’apnée au côté de Claude, un ancien champion à la retraite, afin de trouver les réponses aux questions qui sommeillent en lui.

Seinen surprenant d’Akio Tanaka, que le lecteur Français connaît grâce à l’ultra violent Coq de combat. La transition entre les deux œuvres est assez brutale. On pense ici plus volontiers au Grand Bleu de Luc Besson (à l’époque où il n’y avait rien de honteux à porter l’étiquette Besson), à cette communion entre l’homme et l’océan et à ce désir de dépassement de soi qui défie la peur de la mort.

Glaucos vaut plus par son ambiance que par ses dessins (pourtant bons) ou par son scénario. Déjà terminée au Japon, la série prendra fin en France dans moins de six mois au moment de la sortie du Tome 4. Gageons que les trois derniers tomes seront à la hauteur du premier, assez réussi.

O. R.

Glaucos ; d’Akio Tanaka ; aux éditions Glénat

Le temps des loups

Pour faire une bonne BD, il faut une bonne histoire, car le dessin suffit rarement à porter tout seul le récit. C’est pour cela que, très souvent, les dessinateurs travaillent avec des scénaristes. Et pour cela que parfois, quand ils s’en passent, le résultat est dramatique.

Dans le temps des loups, l’histoire, il n’y en a pas. Ou très peu. Un type arrive dans une ville, au bord d’une frontière. Il rencontre des gens. Il couche avec une femme. Il entend hurler des loups. Voilà.

Il n’y pas non plus de scénario. L’ensemble de la BD ressemble à un préparation, lente et molle, de la dernière page. Il va enfin se passer quelque chose... Mais non, la BD est finie. Peut-être dans le tome 2 ? Peut-être dans la longueur cette série aura un intérêt.

Alors oui, le dessin est très beau. L’ambiance est parfois inquiétante, mystérieuse… mais c’est tout, et c’est peu. On aurait aimé trouver un récit, une histoire, quelque chose qui empêche le lecteur de s’ennuyer malgré un graphisme réussi.

M. F.

Le temps des loups ; de Christophe Bec ; éditions les Humanoïdes associés.

Eyeshield 21 tome 10

Au Japon, comme en France, le Foot américain est un sport de troisième plan. Pourtant, Eyeshield 21 a conquis le Japon et commence à se propager en France.

Sena Kobayakawa est la victime de base. Petit, pas bien costaud, il joue les larbins depuis toujours jusqu’à sa découverte du football américain, un sport qui va changer sa vie. En effet, notre héros se trouve être doté d’un jeu de jambe phénoménal qui va vite le placer au rang d’héros malgré lui.

Scénario assez basique de Shonen (ça en devient presque un pléonasme), sujet en apparence inintéressant, mais pourtant on en vient vite à perdre patience entre les deux mois qui séparent chaque tome et même à regretter que Madden 2007 ne sorte pas en France sur Playstation 2. Comment en arrive- t-on là ?

Eyeshield 21 est drôle, joue sur le second degré, et la galerie de personnages est étonnement variée.

Le Foot américain est expliqué de manière simple et claire, et les matchs sont passionnants.

Le dessin est dynamique et fait appréciable, clair. Même en ne connaissant rien au foot américain et en voyant une dizaine de joueurs se battre pour le ballon, on comprends toujours ce qui se passe.

Le grand tournoi du Kanto approche à grand pas ! Dans ce dixième tome les Deimon Devil Bats poursuivent leur entraînement infernal aux Etats-Unis. Sena se trouve même embarqué dans un test pour intégrer une équipe de NFL (ligue pro US) où il va faire la rencontre d’un autre Japonais.

Le volume 10 n’est pas le chapitre le plus intéressant de la série (l’entraînement, ce n’est pas vraiment ce qu’on fait de plus fascinant), mais un bon tome tout de même ou nos héros vont apprendre le dépassement de soi.

O .R. (qui attend désormais Madden 2008)

Eyeshield 21 tome 10 ; de Yusuke Murata ; aux éditions Glénat