Every BD

Djinn 6

Kim Nelson se rend en Afrique, à la recherche d’une perle noire qui lui donnera accès au trésor du sultan. Elle se plonge dans les vestiges d’une légende, celle de la déesse Anaktu, une divinité dont elle serait la descendante. L’argent du maharadja lui permet de monter une expédition, mais dans l’ombre, d’étranges personnages sont prêts à tout pour l’en empêcher.

Au fils des pages de ce sixième tome, les auteurs construisent une ambiance lourde et pesante qui vient lier avec justesse tous les éléments du récit : la chaleur de l’Afrique, la menace d’un complot, les secret occultes et mystiques, le désir et la sensualité de la djinn.

La belle Kim est fascinante Dans une scène, elle doit passer une épreuve : marcher nue sur un tapis de braises. Bien que cette scène n’occupe qu’une planche ou deux, c’est cette atmosphère que l’on retrouve tout long de l’histoire. Le mystère et la sensualité.

Seul petit reproche : si vous aimez l’action, les récits que se déroulent à toute allure, les retournement de situation, les surprises et les révélations brutales, cet album n’ira peut-être pas assez vite pour vous. Il y a plusieurs scènes très fortes (comme celle où un vieil Africain couvert de sang tend son cœur à Kim), mais globalement le rythme est lent et le mystère reste entier. Ce tempo n’est pas du tout une faiblesse et la BD est excellente. A vous de choisir si vous vous laissez entraîner…

M. F.

Djinn tome 6 ; de Dufaux et Miralles ; aux éditions Dargaud.

Beck 14

Yukio Tanaka est « le » collégien de base. Personnalité effacée, fan de J-pop (la variété japonaise), aucune prédisposition pour quoi que ce soit. Yukio n’a rien pour lui. Ah si, il est sympa quand même, mais bon, c’est léger…

Jusqu’à sa rencontre avec Ryûsûke Minami, guitariste de génie de deux ans son aîné. Yukio découvre le rock, les Dying Breed (sortes de Radiohead créés par Sakuishi), et se passionne pour quelque chose pour la première fois de sa vie. Il apprend donc la guitare, et se rapproche de la sœur de Ryusuke, laquelle a tôt fait de s’apercevoir son talent.

La tournée américaine des Mongolian Chop Squad (le groupe de nos héros) se poursuit à Seattle. Le retour de Ryûsûke transcende le groupe, mais il leur faut faire salle comble pour avoir le droit de terminer la tournée. Malgré un concert énorme, les MCS ne parviennent pas à remplir la salle dans son intégralité, jusqu’à ce que…

Les dessins sont un peu justes même s’ils s’améliorent à mesure que la série avance. Beck se lit vite, sans doute trop vite. Peu de dialogues ici, on se laisse porter par l’ambiance des concerts. Et c’est là la magie de Beck : on y croit. On est là, dans la fosse aux premiers rangs, à vibrer aux cotés de Koyuki, Taira, Ryusuke, Chiba et Saku. 
L’originalité du sujet et la qualité de la narration compensent largement les défauts évoqués plus haut et font de Beck un très bon manga.
A noter que le tome 14 est vendu avec le dvd du premier épisode de la série télé.

O.R.

Beck Tome 14 ; de Harold Sakuishi ; aux éditions Delcourt

Quartier Lointain

Hiroshi, 40 ans, visite le village de son enfance quand il est pris d’un mal de tête et s’évanouit. A son réveil, le monde qui l’entoure a changé. Hiroshi a fait un bond dans le temps, il a à nouveau 14 ans.

Passé la surprise, il s’acclimate à sa nouvelle adolescence. Il vit désormais les évènements de son enfance avec ses yeux d’adultes et pose un œil nouveau sur le monde qui l’entoure. Cependant, chaque jour qui passe le rapproche du jour ou son père va abandonner sa famille. Hiroshi pourra t’il empêcher l’histoire de se répéter ? Rejoindra t’il un jour sa femme et sa fille ?

Fêtes de fin d’année oblige, Casterman fait dans le commercial en rééditant Quartier lointain dans une version intégrale deux tomes en un. Etait-ce indispensable alors qu’il existait déjà une version coffret ? Etonnement : on a envie de dire oui. Pas parce que cette version apporte grand grand-chose finalement. A la limite, on préfère même le coffret qui évite d’avoir un pavé entre les mains, ce qui n’est pas toujours pratique pour la lecture ou pour le transport. Pourtant, cinq ans après avoir lu Quartier lointain pour la première fois, ça nous fait toujours plaisir de voir cette merveille en tête de rayon dans les librairies et de savoir que des milliers de personnes découvriront Taniguchi et son chef d’œuvre pour noël.
C’est commercial ? Oui et ? Allez l’acheter tout de suite !!!

O.R.

Quartier Lointain, l’intégrale, aux éditions Casterman, par Jiro Taniguchi

Capricorne 11

Le capricorne s’est pris une balle dans la peau. Il est retrouvé blessé et inconscient par un mystérieux personnage qui l’accueille chez lui. Les deux hommes vont parler le temps que le capricorne soit remis de ses blessures.

Ce volume marque une pause dans les aventures du capricorne. Il se situe après une sombre histoire qui se termine de façon violente pour le héros, et avant de nouvelles aventures. Il ne se passe pas grand-chose, pourtant le dialogue entre les deux hommes, leurs échanges, leurs confidences, leurs secrets et leurs silences remplissent largement les pages de l’album. C’est une belle rencontre entre deux vrais personnages.

La mise en page de la BD est originale et efficace. Chacune des cases occupe la largeur de la planche, découpant chaque page en autant d’étages. Andreas crée ainsi un rythme unique qui fonctionne parfaitement pour cette rencontre, ce récit en forme de dialogue. Le tempo change parfois en fonction de l’épaisseur des cases : certaines planches semblent coupées en rondelles, d’autres ne sont composées que d’une seule case. Parfois l’auteur mélange les deux : après une suite de cases longues et fines, une image s’étire et prend de la force.

Un album intéressant et surprenant.

M. F.

Capricorne 11 ; d’Andreas ; aux éditions le Lombard.

Leçon de choses

C’est l’histoire de Jean-Pierre Martin, un petit garçon d’une dizaine d’année qui habite un petit village. C’est un petit morceau de sa vie, une année passée à faire des choses de petit garçon : faire du vélo, fumer en cachette, dessiner un cœur sur le mur du préau, s’inventer des aventures avec un rien, ne pas comprendre les problèmes des grands…

Leçon de choses, c’est presque rien. Il n’y a pas d’intrigue diabolique, pas de menace sur le monde, pas de péril sur la planète. C’est toute une série de petites choses qu’on découvre au fil des pages, des pages qu’on tourne jusqu’au bout du livre sans s’en apercevoir.

Une BD toute simple, très juste et très jolie.

M. F.

Leçon de choses ; de Grégory Mardon ; aux éditions Dupuis.

Niklos Koda 8

Les aventures de Niklos Koda continues. De nouveaux membres veulent entrer dans, alors que d’autres disparaissent sans laisser de trace… Un mystérieux magicien du nom d’Arcane 16 fait planer une ombre menaçante sur le club, alors qu’un autre semble resurgir du passé. Niklos doit répondre de ses actes après avoir transgressé les règles pour vaincre son ennemi.

Difficile de résumer une histoire débutée 8 albums plus tôt. Pourtant, même en commençant la lecture par ce dernier tome, l’histoire vous accueille et vous entraîne. L’univers de Niklos Koda, clandestin et occulte, est intrigant. Le fantastique se mêle au contemporain et les intrigues se mettent en place.

Une bonne BD, solide et captivante qui donne envie de lire la suite et de découvrir le début.

M. F.

Niklos Koda 8 ; de Dufaux et Grenson ; éditions Le Lombard.

TNO

Au Moyen-Orient, l’eau devient plus importante que le pétrole. Du coup, de vilaines multinationales trament des complots politico financiers pour obtenir le contrôle de la flotte. Heureusement, il y a Terra Nostra Organisation (TNO), ONG de défense de l’environnement qui possède des collaborateurs musclés, près à en découdre avec les affreux capitalistes.

Le scénario n’est pas trop vilain. Il est même bien documenté et à le mérite de parler d’un problème capital : les ressources en eau. On excusera les personnages caricaturaux et l’on passera sur le dessin, efficace et propre.

Là ou TNO se distingue de la masse des BD, là où elle brille si fort qu’elle éclipse toutes les autres, c’est dans la qualité pitoyable de ses dialogues. Elle parvient même à faire oublier le terrible Temps des Loups.

Une unité d’élite de l’armée débarque et balaie un camp à la mitrailleuse et au lance-roquette. L’un d’eux, probablement le chef, saute de sa jeep en criant « Allez ! On y va et on nettoie !! Fissa… » Fissa ? Comme c’est joli… C’est tellement joli qu’on le retrouve toutes les 4 pages. Mais qui parle comme ça ? Ensuite, le massacre terminé, le soldat remonte sa voiture et annonce « On calte… » On quoi ? On se croirait dans Touchez pas au Grisbi de Simonin, un roman écrit en 53, avec un lexique à la fin.

La Phrase qui tue, elle est pour Yan, le héros. Les deux jeunes filles dont lui et son meilleur ami doivent assurer la protection marchent dans la rue. Des types avec des lunettes noires et des poignards se jettent sur elles et les forcent à monter dans des 4x4 noirs aux vitres teintés. Yan est trop loin pour agir, il court mais moins vite qu’une voiture. Alors il s’arrête, regarde le ciel avec rage et impuissance, et il dit : « ‘Fait chier ! Elles ont été kidnappées… » Et là, le lecteur se demande si le héros est idiot et vient juste de comprendre, ou alors si c’est lui qu’on prend pour idiot, au point qu’on lui précise que quand des jolies jeunes femmes sont jetées de forces dans des grosses voitures par des vilains avec des lunettes noires et des couteaux, c’est qu’elles ont été kidnappées…

M. F.

TNO ; de Bartoll et Bonnet ; éditions Glénat.

Pourquoi j'ai tué Pierre

Olivier est un garçon sans histoires. Élevé dans une ambiance baba-cool au sein d’un milieu libertaire et permissif. À 12 ans, il part en colonie de vacances. Là, quelque chose marquera son existence à jamais…

Avec « Pourquoi j’ai tué Pierre », Delcourt a déniché l’une des perles de la rentrée.
L’histoire est assez prenante, on s’attache assez rapidement au petit bonhomme qu’on voit grandir et évoluer. Chapitre après chapitre, on accompagne Olivier à travers toutes les étapes clés de sa vie, on partage ses joies et ses tourments.

La sensibilité de l’oeuvre s’explique grandement par l’excellente narration qui découle naturellement du coté autobiographique de l’histoire, mais aussi par l’excellent dessin d’Alfred. Celui-ci sonne toujours juste, et il appuie à merveille les sentiments de bonheur, d’angoisse et de détresse du héros.

La fin d’un film ou d’un livre conditionne grandement l’opinion globale qu’on se fait de l’œuvre qu’on vient de découvrir. Dans cette bande dessinée en forme de thérapie, trouver une bonne chute n’était pas évident. Pourtant, et sans trop en raconter, c’est bien la conclusion qui fait à « Pourquoi j’ai tué Pierre » quitter la catégorie bonne BD pour celle du livre d’exception.

A lire absolument.

O. R.

Pourquoi j'ai tué Pierre ; Dessin d'Alfred sur un texte d'Olivier Ka ; aux éditions Delcourt.

Yakitate Ja-pan !!, Tome 6

Yakitate Ja-pan !!, c'est un peu le Dragon Ball de la boulangerie. Hashiguchi a eu cette drôle d'idée de faire un Shonen sur la pâtisserie, ce qui est faisable à condition de remplacer le Kamehameha par le croissant à 1024 couches, et le tournoi d'arts martiaux par le concours pâtissier.

Les mangas sur la cuisine, assez développés au Japon, commencent à peine à pointer le bout de leur nez en France. L'originalité du sujet traité rend YJ assez sympathique. Ce n'est pas une série grandiose, mais elle est assez divertissante pour mériter d'être lue. Seul petit bémol, la série compte déjà 24 tomes au Japon, et il y a fort à parier que le lecteur se lasse avant cela des tomes qui se ressemblent tout de même beaucoup.

O. R.

Yakitate Ja-pan !!, Tome 6 ; de Takahashi Hashiguchi ; aux éditions Delcourt

La malédiction du parapluie

L'autobiographie, une fois qu'on a le doigt pris dedans, c'est difficile de ne pas y mettre le bras jusqu'à l'épaule confie Trondheim. Le lauréat 2006 du Grand Prix de la ville d'Angoulême s'est prêté au jeu de l'analyse autobiographique, sous 64 pages pour certaines tirées de son Blog (http://www.lewistrondheim.com/blog/). Et le résultat est pour le moins convaincant. C'est joli, c'est drôle (en même temps c'est Trondheim, mais mention spéciale pour l'aquarelle qui sied assez bien à son coup de crayon), et surtout le ton est extrêmement juste. Il parvient à trouver la magie dans chaque acte du quotidien et à la retranscrire avec justesse. Si vous appréciez le blog, procurez vous l'album de toute urgence.

O. R.

La Malédiction du Parapluie, de Lewis Trondeim, aux éditions Delcourt