Dans un monde médiéval fantastique, un guerrier rentre chez
lui après bien des combats. Il retrouve son épouse, sa maison, et reprend ses
recherches scientifiques sur les ossements de dragon. Un jour, lors d’une
fouille sous-marine, il est victime d’un terrible accident.
L’ange et le dragon est un album qui laisse perplexe, une
alternance de trouvailles brillantes et d’essais moins fructueux.
Toute la BD est réalisée avec l’aide de l’ordinateur pour un
résultat très réussi. Les dragons sont impressionnants, les effets de lumière
magnifiques, la 3D donne une impression de profondeur exceptionnelle, et les
personnages très dynamiques. On sent tout de même la présence de la machine
derrière tout cela. Les fans de virtuel applaudiront, les inconditionnels du
fait main grogneront un peu. Certains moqueurs trouveront que ça fait un peu
Shrek…
Les textes, les dialogues comme la narration, se veulent à
la fois grandiose et moyenâgeux. Comme il y a un souffle épique du début à la
fin, comme ce choix est assumé, cela peu fonctionner… Mais on est à la limite.
Parfois, le texte est trop chargé et on est à la limite de voir apparaître les
premiers signes du syndrome de la narine palpitante (cf: Dark …). Par exemple, pour la
taquiner, le héros reproche gentiment à l’héroïne d’avoir laisser mourir ses
roses pendant qu’il était à la guerre. Elle lui répond ceci : « … il
s’avère que le terreau de mon chagrin était une bien maigre terre, et mes
larmes froides… source trop amère… » C’est beau, mais est-ce que ça n’est
pas un peu trop ? Si vous vous laissez emporter par les mots, tant mieux.
Si vous vous demandez « mais qu’est-ce qu’elle dit ? » c’est
dommage…
Les auteurs on utilisé des outils intéressants pour
dynamiser le récit, avec notamment des innovations de mise en page (planche en
forme de bande ; du blanc en bas de page) et un prologue. Il y a
malheureusement des longueurs, comme cette scène de plus de quatre planches où
l’héroïne est triste. Si la situation est bien traitée, on comprend tout de
suite qu’elle est triste. Pas besoin de nous le rabâcher pendant des pages et
des pages. Surtout que à part être triste, elle ne fait rien, et du coup l’histoire
n’avance plus. On aurait aimé moins de pleurs dans les rosiers plus d’action.
En fin de compte, quand on referme l’album, on en a pris plein les yeux, mais
il ne s’est pas passé grand-chose.
Attention, même si il y a du bon et du moins bon, l’album
n’est pas médiocre. Au contraire, il est tout sauf moyen. S’il vous emporte
vous le trouverez superbe. S’il ne vous séduit pas, ce sera horrible. En tout
cas, il ne laisse pas indifférent.
M. F.
L’ange et le dragon ; Lalie et Téhy ; édition
Soleil.